Épisode 17, par Beirut* - "Dans les ténèbres…"
Il ne pleuvait pas encore et il n’y avait pas d’éclairs, mais un vent puissant traversait Isola en tordant les branches des arbres, prélude à l’orage qui approchait. Ils marchaient d’un pas pressé au travers de la forêt tandis qu’un cri de feuilles mortes à l’haleine de terre humide les poussait. Un bruit, inattendu, violent, fit sursauter Beirut* qui s’arrêta net, hésitant de poursuivre plus en avant.
- Ce n’est rien, dit le vieil homme en revenant sur ses pas. Le vent.
De gros nuages plombaient le ciel qui planait sur eux. La pluie ne tarderait plus.
Des lèvres charnues de la jeune femme s’échappa un spectre de buée. Elle semblait attendre, hésitante, ses yeux tentaient de percer la forêt. Soudain, les visages devinrent des signes, presque des mots, et les bouches s’ouvrirent en tremblant car dans les ténèbres environnantes rampaient lentement, à proximité, des créatures sans nom.
- Le temps
presse mademoiselle… insista l’homme. Ne perdons plus de
temps les autres vous attendent déjà…
- Les autres…
Quels autres… ?!
- Ceux que
l’Esprit de la Forêt a rappelés à ses côtés… ses… ses enfants !
- Mais de
qui parles-tu ?
- De toi et
des autres ! Tout à commencé à Isola et tout doit finir là-bas. C’est
la destiné. C’est votre destiné à tous les 6…
- 6… ???
- Que te disent
tes rêves… ? Ne t’ont-ils pas laissé entrevoir ce qu’il adviendra
du passé comme du présent… ? Et ton tatouage… ne s’était-il
pas modifié ces temps-ci… ?
Interdite, Beirut* dévisagea le vieil homme. La tempête hurlait comme une meute. L’homme la regardait. Elle s’obligea de rester attentive à ses paroles.
- Qui t’a
parlé de mon tatouage… et de mes rêves… Qui es-tu à la fin…
et que me veux-tu… ?
- Que tu changes
le cours des choses Beirut*… Toi seule sait comment faire et tes songes
de guideront si tu parviens à les comprendre à temps…
La nuit se dilatait. Cela faisait plusieurs heures qu’ils marchaient. Beirut* avait le sentiment qu’ils tournaient en rond. La pluie avait cédé le passage à la vigueur d’une tempête électrique qui rendait les silences terrifiants, et l’agonie de la lumière de la lune dissimulait chaque forme se mouvant au travers de la forêt.
Soudain, un rire de petite fille vient ensoleiller la demie obscurité dans tous les sens la joie de vivre, la vie dans son état pur, qui s’émerveille devant la rosée du matin.
- Nous y sommes Beirut*, à toi de guider leurs pas à présent…