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Labocity2
6 mars 2008

Episode 25, par Rose, Beirut* et Arthélie - Conclusion 1ère partie

Rose :

Rose dévala l'escalier en courant, et se rua au dehors. Au milieu du sentier, Oona, debout, semblait égarée.
Rose s'approcha d'elle et lui demanda : Il est où le vieux monsieur bizarre ?
Oona fixant toujours le vide lui répondit : Parti. Il s'est enfui dans les bois et les branches se sont refermées sur son passage.
- C'est pas grave. Viens voir Oona !

La petite fille prit la femme par la main et l'entraina dans une dernière course à travers la forêt.
Elles zigzaguèrent entre les arbres, traversèrent une foultitude de bosquets de fougères, une poignée de ruisseaux et gravirent quelques rochers. Puis la forêt s'éclaircit tout à coup. La frontière entre Isola et le reste du monde était nette, mais en rien infranchissable. D'un même pas, Oona et Rose s'avancèrent dans la plaine au milieu de laquelle Isola était apparue.

C'était une étendue immense, d'un vert jaunissant sous le soleil. Les vents imposaient aux herbes une danse éternelle.
Regarde là-bas ! , cria Rose toute excitée.
Elle pointait le doigt vers un troupeau d'animaux étranges, qui semblait glisser à la surface de l'herbe une centaine de mètres plus loin.
Oona plissa l’oeil et vit des chevaux rouges vif, dont les grandes ailes battaient l'air ambiant.
La fillette éclata de rire et sauta sur place.
C'est un rêve ! , murmura Oona.
Rose se tourna vers elle et lui glissa innocemment : Peut-être, mais c'est rigolo !

L'enfant lâcha la main de l'adulte et courut dans la plaine, vers les animaux étranges.


Beirut * :

Couchée dans l’herbe, une entaille ornait d'un collier pourpre son frêle poignet gauche. Elle ne saignait pas trop bien qu’elle savait que ses forces l’abandonnaient. La joie et la tristesse se mêlaient dans ses larmes car si elle venait de goûter présentement au mot « liberté » elle venait également d'en connaître le goût amer. Sur un petit cahier de vert et de gris, elle écrivit ces quelques lignes ;
« Je sais que je ne sais pas ce que je ne sais pas ; j'envie ceux qui sauront d'avantage, mais je sais qu'ils auront tout comme moi à mesurer, peser, déduire et se méfier des déductions produites, faire dans le faux la part du vrai et tenir compte dans le vrai de l'éternelle admission du faux. Je me suis gardée de faire de la vérité une idole, préférant lui laisser son nom plus humble d'exactitude. C'est au lecteur à se faire une opinion. »
Son sang coulait et la Vie renonça doucement à elle.
D’un exquis baiser la Mort l'embrassa lentement, Beirut* expira en éternelle sybarite. 


Arthélie :

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu’Arthélie tenait dans ses mains le cahier relié que lui avait remis Beirut*. Elle le tenait ouvert à une page blanche et ne savait qu’en faire. Beirut* avait dit que c’était à elle d’écrire la fin de l’histoire, à elle de se sortir, de les sortir, de ce cercle infernal. Devenir maîtresse de son destin et peut-être même de celui de tant d’autres. C’était une responsabilité très lourde qu’elle avait entre les mains. Elle qui avait toujours communiqué par les mots ne savait quoi écrire. Elle songea à ce qu’elle aimerait changer dans sa vie, car à défaut de tout changer, un simple ajustement pourrait faire l’affaire. Elle envisagea de faire de cet îlot artificiel qu’est Isola une réalité, mais sans que cela ne perturbe l’ordre des choses. Comment faire ? Elle ne parvenait pas à trouver la réponse. Cet endroit était un lieu où le rêve et la réalité était inextricablement liés. Changer l’un c’était changer l’autre.

Tout cela était bien égoïste en fait, elle avait la possibilité de changer sa vie mais pas celle de ceux qu’elle aimait. Il fallait concilier les deux, mais comment ?

Il fallait qu’elle choisisse un point de départ pour tout ça. Un nexus d’où émanerait ce nouveau monde, cette nouvelle vie. Elle songeait que c’était bien trop de responsabilité pour elle, elle avait perdu toute innocence et allait par conséquent agir dans son intérêt et non pour le bien de tous. Elle pensa que si le monde était rempli de gens aussi gentil qu’Henri, son coursier, il serait bien plus vivable et supportable. Elle pensa aussi que Rose, la petite fille sans âge avait l’innocence qui lui faisait défaut. Elle songea aux arbres synthétiques qui l’entourait et voulut plus que tout commencer par les rendre vrais.

Elle ne s’en était pas rendu compte. Elle écrivait, depuis un moment déjà et elle baissa les yeux et lut ce qu’elle venait d’écrire. Un frisson la parcourut quand elle eut dans son esprit la vision qu’elle avait décrite sur le parchemin.

« La nature a salué l’éveil de cette journée en faisant de ce qui était artificiel une réalité. Isola était son nom et c’est isolée du reste du monde que désormais cette forêt existerait. Teintée de l’innocence et des rêve d’une enfant sans âge c’est dans les songes d’un coursier au cœur d’or que résiderait à présent et pour toujours ce havre de paix et de tranquillité pour tout ceux qui n’ont jusqu’à présent pas choisi d’exister. »

Arthélie releva les yeux, le ciel azuré était illuminé par le soleil. La brise agitait les branches des arbres et les brins d’herbe à ses pieds. Tout était devenu réel. Au loin elle entendit dans le grand silence qui régnait un troupeau qui parcourait une étendue qu’elle savait verdoyante. Soudain dans le ciel apparurent plusieurs créatures ailées dont l’une était chevauché par une petite fille. Arthélie se leva observa le ballet aérien un moment et s’approcha de la mare au centre de la clairière, dans l’onde bleue elle vit le visage d’Henri, assoupi sur sa chaise à la morgue.

Elle referma le carnet et le jeta au fond de l’eau avant de se diriger vers les profondeurs de la forêt, un sourire serein sur le visage. Elle n’existait plus que dans un songe et elle savait que cela était bon.

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Commentaires
O
... un peu de rapidité, ça ne fait pas de mal !<br /> Et Beirut* était sur la fin aussi... faut se mettre à sa place.
A
En même temps, la règle du jeu pour la conclusion était d'écrire un texte d'une vingtaine de lignes... C'est lapidaire, mais efficace...
A
Belles conclusions mais je m'attendais à plus que ça de la part de Beirut*<br /> <br /> Y a comme qui dirait un arrière gout de trop peu
Labocity2
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